Le pétrole Le pétrole s'est formé sous la surface
Le pétrole la Terre
Le pétrole s'est formé sous la surface de
L'accumulation continue de sédiments enfouit ces couches organiques à de grandes profondeurs ; sous l'effet de la compression, celles-ci se transformèrent en roches qui devinrent des réservoirs de pétrole. Les roches contenant la matière première du pétrole sont appelées «roches mères». L'épaisseur de ces couches sédimentaires augmentant, la température s'éleva, entraînant une transformation des matières organiques d'origine en substances plus simples, les hydrocarbures, composés de carbone et d'hydrogène. Ainsi se constitua le pétrole.
C'est un mélange complexe d’hydrocarbures de différentes familles (paraffiniques, naphténiques, aromatiques) associé à des composés oxygénés, azotés et sulfurés ainsi qu’à des traces de métaux particuliers (vanadium, molybdène, nickel), le pétrole brut est connu depuis la plus haute antiquité.
Pétrole et relations internationales
de 1945 à 2003
Internationalisation et affrontements (1945-1970)
« En raison de la localisation actuelle des ressources, l’économie du pétrole paraît forcément internationale. Ce n’est pourtant pas le cas pendant de longues décennies, sinon marginalement, le principal pays producteur – les États-Unis – étant aussi le principal pays consommateur. Situation qui prévaut encore en 1945 même si, dans la première moitié du XXe siècle, s’affirment de nouveaux pôles de production pétrolière au Moyen-Orient, en Roumanie, au Mexique et au Venezuela, et si une demande croissante de pétrole se confirme en Europe occidentale. Très vite l’internationalisation s’accélère, à la faveur d’un événement symbolique : en 1947, les États-Unis deviennent définitivement importateurs nets de pétrole, une énergie pour eux essentielle qui leur apporte vitalité industrielle et puissance militaire, et dont ils maîtrisent la technologie et le savoir-faire.
L’internationalisation de l’économie pétrolière se renforce pendant les Trente Glorieuses en raison d’une forte hausse de la demande en Occident. Celle-ci résulte de la croissance que le bas prix du pétrole nourrit tout au long de la période, avec tout particulièrement le développement des transports et de l’industrie, qui abandonnent petit à petit le charbon. Le corollaire en est pour la plupart des pays occidentaux une dépendance de plus en plus nette de leurs économies vis-à-vis des détenteurs de la ressource pétrolière, dépendance accentuée par le rôle que celle-ci joue pour leur sécurité politique, même si de nouveaux États producteurs apparaissent : Canada, Algérie, Libye…, tandis que les pays du Moyen-Orient (Iran, Irak, Émirats arabes unis, Arabie saoudite) augmentent rapidement leurs productions de brut.
Pendant ces quelque vingt-cinq ans, les pays consommateurs essaient de garder la maîtrise du marché. (…)
la SOGARA La Documentation |
[Mais] la décolonisation et la question du développement mettent le pétrole au cœur des relations internationales. Plusieurs pays, intégrés jusqu’ici dans des systèmes coloniaux, se révèlent potentiellement riches en ressources pétrolières : Algérie, Gabon, Nigeria, Indonésie... (…) Les actifs des compagnies internationales sont partiellement nationalisés, (…) les relations avec les anciennes puissances coloniales se tendent.
À l’instar des pays nouvellement indépendants, les principaux pays exportateurs, en particulier au Moyen-Orient, reprennent le contrôle de leurs ressources. Ils se heurtent parfois aux États consommateurs, qui n’hésitent pas à intervenir dans les affaires intérieures quand leurs intérêts sont en cause, comme c’est le cas après l’épisode Mossadegh en Iran en 1953 (…). Mais la tendance à la prise de contrôle au moins de l’amont pétrolier par les pays producteurs est générale et irrésistible. Plusieurs de ces États s’associent en créant l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en 1960. (…)
Les pays du Moyen-Orient, largement majoritaires dans ce mouvement, appuient la cause de l’ensemble des pays arabes. Ils prennent conscience de leur poids dans le système économique mondial et apprennent à faire du pétrole une arme politique. (…)
Du double choc pétrolier à une plus grande coopération internationale (1970-2003)
L’émergence et le renforcement du marché
Au début des années 1970, la demande de pétrole s’accroît, notamment en provenance des États-Unis où l’extraction est de plus en plus coûteuse. Ceux-ci préfèrent s’approvisionner à bas prix au Moyen-Orient. Le dollar se dévalue : les pays exportateurs s’estiment exploités. La fin de la convertibilité du dollar en or (1971) déclenche une vague de hausses des prix du pétrole et leur indexation sur un panier de monnaies.
Parallèlement, les États membres de l’OPEP affirment leur souveraineté sur leurs ressources pétrolières, tenant un discours radical (Algérie, Libye, Irak), ou souhaitant une prise de participation progressive. Les relations se durcissent au moment de la guerre de Kippour (octobre 1973). Par solidarité avec les Palestiniens, les pays arabes décident d’utiliser l’arme du pétrole et prennent les mesures suivantes : réduction du volume des exportations ; embargo total contre plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis ; quadruplement du prix du pétrole brut à 11,65 dollars ; décision unilatérale des ajustements du prix du brut, puis prise de contrôle d’au moins 51 % des concessions non encore nationalisées.
Ces mesures sèment la confusion dans le camp occidental. Les États-Unis, après avoir envisagé de se passer du pétrole de l’OPEP, prennent l’offensive et suscitent la création de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Les pays européens, totalement dépendants, se divisent. La France
Les principales victimes de cette hausse sont en fait les pays en développement, qui s’endettent auprès de la communauté internationale. La conflictualité sous-jacente s’exprime : le terrorisme extraterritorial apparaît. Dans ce contexte de déséquilibres persistants, et malgré des signes de reprise économique, la chute du Shah en 1979 entraîne le retrait du pétrole iranien, provoque le deuxième choc pétrolier et relance la hausse des prix. En réalité, il s’agit de la deuxième étape d’un double choc qui, en une petite décennie, transforme de fond en comble l’économie de la planète et favorise la mondialisation du pétrole. La hausse vertigineuse des prix du brut a pour première conséquence de rendre rentable l’exploitation de gisements moins faciles d’accès que ceux du Moyen-Orient. Elle relance l’exploration et progressivement la production en de nombreux points du globe. De nouvelles régions pétrolières s’imposent : Indonésie, Afrique, mer du Nord, Amérique latine, URSS. Il y a du pétrole rentable dans tous les continents. Dans le même temps, les compagnies internationales renforcent leur maîtrise des technologies par l’innovation, que les niveaux de prix et les enjeux politiques soutiennent.
Ces deux derniers facteurs favorisent également la recherche d’énergies de substitution. (…)
Ainsi, assez vite, le fonctionnement international du marché et les mesures d’adaptation prises dans chaque pays consommateur permettent de « digérer » le double choc pétrolier. Les pays occidentaux font radicalement baisser l’intensité pétrolière de leur économie. Et, même si elles vivent une passe difficile, les compagnies internationales restent partiellement maîtresses du jeu, contrôlant directement ou indirectement les technologies d’exploration et de mise en valeur des gisements, la majorité des capacités mondiales de raffinage et de distribution, le transport, où elles sont actionnaires ou donneurs d’ordre, et le trading.
Le contexte pétrolier des années 1980 et 1990
Il se caractérise, au début de la période par une demande pétrolière inférieure à l’offre, ce qui provoque une tendance à la baisse des prix . Les pays de l’OCDE se fournissent prioritairement dans les pays non membres de l’OPEP, qui ne contrôle plus que 38 % de la production mondiale. (…) La faiblesse de la demande met [l’OPEP] dans une situation difficile, faisant éclater au grand jour les divergences d’objectifs de ses membres. (…)
Est-ce à dire que le rôle du Moyen-Orient, affirmé à la période précédente, est condamné à se réduire ? Paradoxalement non. Principalement pour trois raisons. D’abord parce que la demande se redresse dans le monde entier. Ensuite parce que les perspectives à long terme (…) révèlent le besoin d’un surplus d’offre qui nécessite des capitaux alors que le monde a d’autres priorités. Et, dans cette optique, le Moyen-Orient, parce qu’il dispose de réserves importantes exploitables à des coûts très inférieurs à ceux des autres régions pétrolières, occupe une place privilégiée. C’est pourquoi la communauté internationale, se souciant de plus en plus du libre accès de tous aux ressources pétrolières de la planète, ne peut s’en désintéresser. Cet intérêt justifie la guerre du Golfe en 1991 (…). Elle explique aussi les mesures prises par les États-Unis pour imposer de sévères restrictions aux relations commerciales avec la Libye
Parce que le Moyen-Orient peut toujours être le lieu de conflits armés, la consolidation des autres régions pétrolières reste néanmoins un objectif partagé par la communauté internationale. Les recherches y contribuent dans le golfe de Guinée, dans le golfe du Mexique, en mer Caspienne, au Brésil, en Australie. Dans le même temps, plusieurs compagnies se lancent dans l’exploitation des pétroles non conventionnels : bruts lourds de l’Orénoque, bitumes de l’Athabasca. Enfin, la Russie la Chine
Face à elle, la communauté internationale multiplie les instruments lui permettant de réduire le risque que cette dépendance peut faire courir aux approvisionnements. Tout d’abord, les pays exportateurs deviennent eux-mêmes dépendants des pays consommateurs pour le financement de leur industrie, leur armement et surtout des produits de première nécessité (denrées alimentaires, médicaments), ce qui limite le risque de réduction unilatérale des exportations. En outre, les compagnies internationales ont su revenir dans le jeu, s’imposant comme partenaires indispensables, seules capables d’assumer le risque industriel et financier et d’apporter capitaux et technologies, de plus en plus souvent d’ailleurs en s’associant. Enfin, les États ont mis en œuvre les moyens de contrôler le fonctionnement du transport maritime et d’assurer la liberté de circulation sur les routes et dans les détroits internationaux.
Ces deux dernières décennies sont finalement marquées par la recherche d’un statut particulier pour le pétrole. D’un côté, il est de plus en plus considéré comme une matière première ordinaire, dont le commerce obéit au marché. D’un autre côté, restant indispensable au développement économique de la planète, il garde une valeur stratégique pour les principaux États exportateurs et consommateurs : une gouvernance mondiale tente de se mettre en place. (…) »
Les principaux pays producteurs et consommateurs de pétrole dans le monde
Chiffres exprimés en millions de barils/jour (mbj)
Pays producteurs |
| |
Pays producteurs |
| |
Arabie saoudite |
10,72 | |
Russie |
9,67 | |
Etats-Unis |
8,36 | |
Iran |
4,15 | |
Chine |
3,84 | |
Mexique |
3,71 | |
Canada |
3,29 | |
Emirats Arabes Unis |
2,94 | |
Venezuela |
2,80 | |
Norvège |
2,78 | |
Koweït |
2,67 | |
Nigeria |
2,44 | |
Brésil |
2,16 | |
Irak |
2,00 |
Pays consommateurs |
| |
Pays consommateurs |
| |
Etats-Unis |
20,59 | |
Chine |
7,27 | |
Japon |
5,22 | |
Russie |
3,10 | |
Allemagne |
2,63 | |
Inde |
2,53 | |
Canada |
2,22 | |
Brésil |
2,18 | |
Corée du sud |
2,16 | |
Arabie saoudite |
2,07 | |
Mexique |
2,03 | |
France |
1,97 | |
Royaume-Uni |
1,82 | |
Italie |
1,71 | |
Iran |
1,63 |
Le rôle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)
Philippe Copinschi, docteur en science politique, consultant sur les questions pétrolières internationales et maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, explique le rôle de l'OPEP pour Questions internationales. Il est notamment l’auteur de l'article « Rente pétrolière, géopolitique et conflits », in Questions internationales n° 2 « Le pétrole : ordre ou désordre mondial » ( La Documentation La Documentation
« L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a été fondée en septembre 1960 dans le but de « coordonner et unifier les politiques pétrolières des États membres et de déterminer les meilleurs moyens de sauvegarder leurs intérêts, individuellement et collectivement ». Les pays suivants en sont membres : Arabie saoudite, Irak, Iran, Koweït, Venezuela (membres fondateurs), Qatar (adhésion en 1961), Indonésie (1962), Libye (1962), Émirats arabes unis (1967), Algérie (1969), Nigeria (1971), Équateur (1973) et Angola (2007). L'Équateur a suspendu sa participation entre 1992 et 2008 ; le Gabon en a été membre de 1975 à 1996 ; l’Indonésie, qui est devenue importatrice nette de pétrole, a annoncé en mai 2008 sa sortie de l'organisation.
Naissance de l’OPEP
La création de l’OPEP est intervenue dans un contexte d’exacerbation de la concurrence entre compagnies pétrolières et, par voie de conséquence, de fortes pressions à la baisse sur le prix du pétrole. À cette époque en effet, la production de pétrole était principalement prise en charge par les grandes compagnies, majoritairement anglo-saxonnes. L’industrie pétrolière était encore verticalement intégrée dans la mesure où ces compagnies s’occupaient à la fois de produire le pétrole brut, de le raffiner et de vendre les produits raffinés (carburants, etc.) au consommateur final. Ainsi, le prix du brut, qui était fixé de manière unilatérale par les compagnies pétrolières, ne servait qu’à établir la base de calcul des royalties que ces compagnies devaient verser aux États dans lesquels elles opéraient. C’est en réaction directe aux diminutions de prix imposées par les compagnies en 1959 que les gouvernements des principaux États producteurs de l’époque décidèrent de se regrouper au sein d’un cartel.
Pendant dix ans, les prix restèrent stables. Ce n’est qu’à partir de 1970 que les premières augmentations eurent lieu sous la pression des membres les plus militants du cartel comme la Libye
L’OPEP et le prix du pétrole
Cette vision relève en effet en grande partie du mythe. L’interprétation du choc pétrolier de 1973, mettant en avant le rôle politique de l’OPEP, tend à négliger le fait qu’au cours des années 1960, la demande pétrolière avait connu une croissance phénoménale, de plus de 7 % par an, et qu’à ce rythme, il fallait, pour continuer à couvrir la demande, découvrir l’équivalent d’une nouvelle Libye tous les ans ! Le choc de 1973 résulte plus de cette arithmétique que de la supposée ambition politique de l'OPEP. La guerre du Kippour fut plus le prétexte politique que la cause profonde d'un choc pétrolier qui, selon toute vraisemblance, aurait eu lieu tôt ou tard : le rythme de la croissance économique mondiale de l’époque, basée sur une consommation effrénée de pétrole, n'était simplement pas soutenable !
La vraie force de l'OPEP s'est plutôt révélée au début des années 1980 lorsque le prix est resté élevé alors que la demande diminuait ou stagnait en raison de la crise économique mondiale, et que l’offre augmentait sensiblement avec la mise en exploitation massive des réserves hors OPEP (en mer du Nord, en Amérique du Nord, en Afrique, etc.). Durant toute cette période, l’OPEP a agi comme le frein à la baisse des cours : elle n’empêcha pas la retombée des prix, mais la retarda considérablement grâce à l’introduction de quotas de production.
L’OPEP et le contrôle de la production
Les analyses du rôle de l’OPEP tendent généralement à se concentrer sur les chocs pétroliers et ses politiques de prix. Or, c’est surtout la nationalisation progressive des actifs pétroliers dans la plupart des pays membres de l'OPEP au cours des années 1970 qui consacra la prise de contrôle effective de la production par les gouvernements des États producteurs. Rupture radicale dans l'évolution de l'industrie pétrolière, ces nationalisations des activités pétrolières eurent lieu dans l’ensemble des grands pays producteurs. L'Algérie, l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, le Koweït et le Venezuela instaurèrent, à l'occasion des nationalisations, un monopole d'État complet. La Libye
Ces nationalisations provoquèrent une véritable déstructuration de l'industrie pétrolière. En quelques années, les compagnies internationales, jadis omnipotentes, se retrouvèrent amputées de toutes leurs activités d’exploration et de production dans la plupart des pays de l’OPEP, c’est-à-dire de la presque totalité des réserves mondiales. À une industrie verticalement intégrée du puits à la pompe succéda un système dans lequel la production (assurée par les compagnies nationales des États producteurs), d’un côté, et le raffinage et la distribution (par les compagnies pétrolières internationales), de l’autre, étaient subitement découplés en deux pôles distincts. Le marché financier pétrolier est ainsi né du besoin de faire se rencontrer l’offre et la demande, c’est-à-dire les vendeurs (les producteurs) et les acheteurs (les raffineurs) de pétrole. Depuis le milieu des années 1980, le marché fonctionnant selon une logique d'équilibre offre/demande s’est imposé comme le mécanisme unique de fixation du prix, alors que celui-ci résultait jusqu’alors de la seule volonté de l’acteur dominant, les compagnies pétrolières, puis l’OPEP. Ces nationalisations provoquèrent une véritable déstructuration de l'industrie pétrolière. En quelques années, les compagnies internationales, jadis omnipotentes, se retrouvèrent amputées de toutes leurs activités d’exploration et de production dans la plupart des pays de l’OPEP. À une industrie verticalement intégrée du puits à la pompe succéda un système dans lequel la production (assurée par les compagnies nationales des États producteurs), d’un côté, et le raffinage et la distribution (par les compagnies pétrolières internationales), de l’autre, étaient subitement découplés en deux pôles distincts. Le marché financier pétrolier est ainsi né du besoin de faire se rencontrer l’offre et la demande, c’est-à-dire les vendeurs (les producteurs) et les acheteurs (les raffineurs) de pétrole. Depuis le milieu des années 1980, le marché fonctionnant selon une logique d'équilibre offre/demande s’est imposé comme le mécanisme unique de fixation du prix, alors que celui-ci résultait jusqu’alors de la seule volonté de l’acteur dominant, les compagnies pétrolières, puis l’OPEP.
La décision de l’OPEP de recourir à des quotas de production en 1982 résulte de cette évolution. Car l'OPEP ne fixe plus aujourd’hui le prix auquel se vend son pétrole : ce sont les marchés de cotation (à Londres ou à New York) qui s'en chargent. Le seul moyen de pression sur le prix dont dispose encore le cartel est donc d’ajuster sa production pour peser sur l’équilibre entre l’offre et la demande.
Les ministres des pays membres se réunissent de quatre à sept fois par an pour coordonner leurs politiques pétrolières : toute hausse ou baisse de plafond de production est répartie proportionnellement entre tous les membres, mais certains d'entre eux comme l'Algérie ou le Nigeria réclament depuis plusieurs années une redistribution en leur faveur.
L’OPEP dans la compétition internationale
Certes, l’OPEP contrôle l’essentiel des réserves mondiales de pétrole : 77 % des réserves prouvées disponibles mondialement fin 2006 (soit environ 915 milliards de barils sur un total mondial estimé à 1370 milliards de barils). La seule Arabie saoudite, son chef de file, possède 22 % des réserves mondiales.
Mais la hausse des prix du pétrole dans les années 1970 et 1980, qui a résulté directement de la politique mise en place par l’OPEP, a entraîné le développement d’une forte concurrence causée par l’augmentation de la production dans des États non membres de l’OPEP. Avec des prix maintenus élevés grâce à la politique de l’OPEP, la production dans les pays non membres de l'OPEP, où les coûts de production sont élevés, est devenue rentable. De nombreux pays à travers le monde ont donc profité directement de la politique de l'OPEP pour développer une production concurrente à celle des membres du cartel, sans en assumer les contraintes en termes de quotas. Cette concurrence accrue a placé l’OPEP dans une situation difficile voyant sa part de marché se réduire. La part de l’OPEP dans la production mondiale, qui était de plus de 50 % en 1973, est tombée à moins de 30 % en 1985 avant de remonter aujourd’hui à environ 43 %. Cette situation de concurrence accrue est d’autant plus problématique que les États de l'OPEP ne sont jamais parvenus à développer des économies diversifiées et se trouvent dans une situation de grande dépendance envers les revenus pétroliers. En Arabie saoudite, au Koweït, en Iran, en Irak, au Qatar, en Libye, au Nigeria, au Venezuela, dans les Émirats arabes unis ou en Algérie, le pétrole et le gaz contribuent pour plus de la moitié du produit intérieur brut. Cette dépendance limite considérablement les marges de manœuvre de l’OPEP dans les périodes où la nécessité d’une politique coordonnée des pays producteurs se fait sentir, c’est-à-dire lorsque les prix du pétrole sont bas.
En cas de baisse du prix du pétrole (comme ce fut le cas à la fin des années 1990 lorsque le prix du baril à atteint un plancher à 10 dollars), l’OPEP est incapable à elle seule de peser efficacement sur les prix pour qu’ils remontent. Significativement, les accords de réduction de la production furent à l’époque élargis au-delà de l’OPEP pour inclure les grands producteurs non membres du cartel comme la Russie la Norvège
L’influence de l’OPEP aujourd’hui
Depuis la fin des années 1990, le prix du pétrole a considérablement remonté, atteignant 135 dollars par baril en mai 2008. S’ils se réjouissent de cette hausse, qui se traduit par d’importantes rentrées de devises, les pays-membres de l’OPEP n’y ont en vérité pas de responsabilité directe. La hausse spectaculaire du prix résulte essentiellement de l’augmentation structurelle de la demande de pétrole en raison du boom économique en Chine et de la forte demande aux Etats-Unis, ainsi que des mouvements spéculatifs qui animent les marchés financiers et touchent celui du pétrole. A l’exception de l’Arabie Saoudite, tous les pays producteurs (qu’ils soient de l’OPEP ou non) essaient de produire au maximum de leurs capacités de production afin de profiter pleinement de la conjoncture actuelle particulièrement favorable. Selon la plupart des experts, l'Arabie saoudite serait la seule à conserver une maigre marge de manœuvre grâce à des capacités de production encore inutilisées. La crainte d’une pénurie sur le marché (en cas de défaillance d’un producteur par exemple) est l’une des raisons de la nervosité des opérateurs du marché pétrolier et de l’attraction des spéculateurs.
Le rôle de l'OPEP dans l'augmentation du prix du pétrole et les records atteints en mai 2008 (135 dollars par barils) est a peu près nul ; d'autant que la hausse est tendancielle pour toutes les matières premières (et pas seulement pour le pétrole) car elle résulte d'un déséquilibre structurel entre l'offre et la demande du fait de la croissance économique chinoise. Ce n'est donc en réalité que lorsque le prix sera orienté à la baisse qu'il sera possible de juger de la véritable influence de l'OPEP sur le marché pétrolier et, in fine, sur le niveau du prix : l’OPEP sera-t-elle capable de maintenir le prix du pétrole à des niveaux élevés si en parallèle celui des autres matières premières baisse? A l'heure actuelle, personne ne peut répondre. Mais l'évolution de l'OPEP d'un côté, l'évolution des conditions de marché du pétrole de l'autre, rendent peu probable que l'OPEP puisse prétendre rejouer le rôle qu'il a eu dans les années 1970 et 1980. De même qu'ils regardent aujourd'hui le prix du pétrole s'envoler (et s'en réjouissent), il y a fort à parier qu'ils devront également se contenter de le regarder baisser le jour où la conjoncture économique mondiale sera moins favorable.
L’impact du pétrole sur l’environnement et la diminution prévue des stocks obligent à envisager, à plus ou moins long terme, le remplacement de cette énergie par une autre qui soit plus propre à obtenir.
Les différentes pistes sont :
- les énergies renouvelables telles que énergie solaire, éolienne, les biocarburants ou le moteur à hydrogène ;
- l’énergie nucléaire.
Néanmoins, ces sources d’énergie conviennent surtout pour la production d’électricité. Elles peuvent donc réduire directement la consommation de charbon et de gaz naturel. Par contre, elles ne peuvent pas directement se substituer au pétrole, qui sert principalement à la production de carburants liquides.
L’industrie chimique est à même, depuis la Seconde Guerre mondiale, de reproduire l’ensemble des produits chimiques issus du pétrole par le procédé Fischer-Tropsch, mais pour cela il faut disposer d’un combustible bon marché. L’Afrique du Sud produit plus de 160 kbbls/j de pétrole à base de charbon, mais les émissions de gaz à effet de serre sont énormes : les carburants en produisent autant que les carburants pétroliers conventionnels lors de leur utilisation, et d’autres émissions s’ajoutent lors de la production. Une solution, coûteuse mais efficace, serait de coupler à ces procédés la séquestration du CO2.
Les biocarburants sont la seule source renouvelable de carburants liquides. Ils se développent dans nombres de pays, mais suscitent des inquiétudes. À part de rares exceptions telles que l'huile de Jatropha, ils entrent en compétition avec l’agriculture pour l’alimentation et avec les milieux naturels pour l’occupation des sols. Leur rendement énergétique est souvent critiqué[32] De petites quantités de biocarburants peuvent être produites à partir de déchets de l’industrie agro-alimentaire, dans ce cas le bilan est bien meilleur. La production de biodiesel à partir d’algues attire un intérêt croissant : elle ne réclame ni eau douce, ni terres cultivables et offre un rendement à l’hectare bien supérieur et permettent de recycler du CO2 industriel.[33]
Pour les autres utilisations du pétrole (industriel, résidentiel, tertiaire), des solutions locales, très dépendantes du contexte, peuvent apporter une diminution de l’emploi du pétrole, mais non un remplacement complet. Certaines industries génèrent des coproduits qui sont des sources d’énergie potentielles et ne sont pas toujours utilisées de façon optimale. À titre d’exemple, citons l’industrie du papier qui pourrait devenir autonome en énergie en valorisant plus efficacement les écorces et la liqueur noire[34] ou des stations de retraitement des eaux usées qui peuvent s’auto-alimenter au moins partiellement grâce à la production de biogaz[35].
Pour le chauffage, les alternatives les plus courantes sont le gaz naturel et l’électricité. L’emploi d’électricité pour la production de chaleur par effet joule est thermodynamiquement inefficace, car l’électricité est généralement produite à partir de chaleur avec un mauvais rendement. Cependant, des solutions basées prioritairement sur l’isolation, mais aussi sur l'énergie solaire(chauffage solaire), laire thermique le bois ou la géothermie (pompes à chaleur) permettent un gain de rendement important. Enfin, pour la chaleur à basse température (comme l’eau chaude domestique), l’emploi du pétrole peut être assisté par l’énergie solaire[36]
Le pétrole algérien est l’un des plus chers au monde
Dix vérités sur le pétrole algérien
La durée de vie des réserves récupérables est de 30 ans.
1- C’est l’un des plus chers au monde. Parce que c’est un pétrole léger, à moindre teneur en souffre. Il est de ce fait apprécié des raffineurs. La variété de brut algérien est appelée Sahara Blend.
2- Son prix s’établit en fonction du marché de Londres. Le Brent, le baril de la mer du Nord, coté sur le marché londonien est la référence s’agissant de la cotation du baril algérien. Le Light Sweet Crude, coté sur le marché new-yorkais, n’est pas une référence pour le brut algérien. En gros, le prix du baril algérien est le prix du Brent auquel il faut ajouter la prime de qualité. Il vaut aujourd’hui plus de 124 dollars le baril.
La prime de qualité varie selon l’offre et la demande de bruts légers. Elle peut osciller entre 40 cents et 4 dollars.
3- Le condensat, liquide de gaz naturel, est considéré comme un pétrole léger. C’est pourquoi les chiffres de production pétrolière de l’Algérie incluent le condensat pour des institutions internationales.
4- Les réserves de liquide (pétrole plus condensat) récupérables atteignent 16 milliards de barils. Au rythme de production de 1,7 million de barils/jour, la durée de vie des réserves est de 30 ans.
5 - On découvre de moins en moins de gisements de grande taille en Algérie, ce qui représente une tendance mondiale. Les gisements découverts ces dernières années sont de petite ou de taille moyenne.
Le plus important gisement, qui sera développé au cours des prochaines années, sera exploité par Sonatrach et la compagnie américaine El-Merk aura une capacité de 108 000 barils/jour à comparer avec Ourghoud 230 000 barils/jour et HBNS et champs satellites 240 000 barils/jour. Ces deux derniers champs exploités depuis des
années sont considérés comme géants.
6- L’Algérie est le quatrième producteur de pétrole en Afrique, après le Nigeria, la Libye
7- Une grande incertitude pèse sur le développement du champ de Hassi-Messaoud. Ces responsables disent qu’il peut produire 500 000 à 600 000 barils/jour pendant au moins 40 ans, contre un rythme actuel de 400 000 barils/jour.
Sonatrach fera cependant face à un grand défi technologique qui consiste à améliorer le taux de récupération et à connaître avec plus de précision le réservoir.
8- Les États-Unis sont le plus gros acheteur de brut algérien à travers l’acquisition de gros tankers, l’Algérie cible aussi le marché asiatique : Chine, Corée du Sud… appelé à connaître une forte expansion.
9- La part des partenaires étrangers réduite par la taxe sur les profits exceptionnels représente moins de 10% des recettes d’exportations de Sonatrach en 2007, boostées par les ventes de pétrole à des prix beaucoup plus élevés qu’en 2006.
10- L’effet prix joue davantage que le volume en matière de recette ces dernières années. Avec une stagnation de la production pétrolière au cours des deux dernières années, les recettes ont atteint 69 milliards de dollars, contre 54 milliards de dollars en 2006.
Compréhension :
1) qu’elle-est la nature du Pétrole ?
2) Qu’elles sont les principaux pays consommateurs du Pétrole ?
3) Par quoi peut-on remplacer le Pétrole ?
4) Pourquoi le Pétrole Algérien est l’un le plus cher du Pétrole ?
Fonctionnement de la langue :
1) Donnez un synonyme au Pétrole ?
2) Remplacez les mots soulignés dans le texte par un autre mot et qui à le même sens ?
3) Relevez du texte (3) Articulateurs du temps ?
4) Relevez du texte deux adjectifs ?